La Ventilation Non
Invasive au CTAR:
.
C.DUBREUIL
CTAR
.
Historique:
A
l’hôpital :
Longtemps réservée aux
services de réanimation médicale ou
post chirurgicale, la ventilation
franchissait exceptionnellement la porte des services de médecine et des maisons de convalescence spécialisées.
Dans ces services de post réanimation, cette ventilation à pression positive
(nous laisserons de coté les techniques de ventilation à pression négative) ne
concernait bien sur que les patients trachéotomisés. Le niveau d’implication du
MK dépendait de la volonté de l’équipe médicale, mais aussi de la volonté et de la disponibilité du
kinésithérapeute.
Son rôle était en général centré
autour du nursing du patient ventilé : mobilisation et désencombrement. Cette
compétence pouvait s’enrichir de la prise en charge du sevrage machine dans
les services qui en avaient fait une
politique.
Nous insistons sur le fait que les patients étaient soit intubés
(réanimation) soit trachéotomisés (réanimation et post réanimation ) et que la fonction de
cette assistance ventilatoire était de suppléer une ventilation défaillante
soit pour des raisons mécaniques soit pour des raisons de commande.
La formation du kinésithérapeute se faisant sur le
terrain au contact des
réanimateurs et dans les bibliothèques
en une recherche bibliographique
acharnée. Cependant dès les années 1950 , une formation s’était mis en place à
l’initiative du Docteur CARAT réanimateur. Celle ci était incontournable pour esperer une embauche
dans certains établissements spécialisés,
d’autres assortissait celle ci d’ un stage <<chez Carat>>
LE CTAR :
En parallèle à ce qui se
faisait dans les centres hospitaliers spécialisés, nous ne pouvons résister au
plaisir de citer notre propre
expérience. Le CTAR, créé en 1973, est
un centre externe de prise en charge des insuffisants respiratoires I. R C.
La vocation de cet établissement
est d’assurer le suivi des pathologies respiratoires tant sur le plan médical
que kinésithérapique. Cette structure regroupe
les différents intervenants : pneumologues, cardiologues, ORL,
allergologue, kinésithérapeutes. Et
d’emblée, nous avons en 1973 acquis des
appareils de ventilation : des volumétriques de types MMS107 et MMS 109 et des
IPPB Birds.
Kinésithérapie
au CTAR
A l’époque, nous envisagions de façon empirique de
<<rééduquer>> la respiration de nos I. R C par une ventilation
corrigée dans sa fréquence et ses volumes. Nous espérions de cette façon leur faire
acquérir une nouvelle rythmicité ventilatoire. Nous parlions beaucoup de la ventilation dirigée chère au Dr GIMENEZ (Nancy). Notre variante consistait à ventiler les patients sur
des appareils volumétriques
et ceci à l’embout buccal.
L’évaluation au long cours de
cette méthode ne fut jamais menée. Nous pouvons retenir que durant ces séances
de ventilation (30 minutes ) l’hématose se corrigeait et le drainage se trouvait facilité mais l’acquisition d’une ventilation
contrôlée restait du domaine de
l’utopie.
Le fait que cette thérapeutique relève plus de la rééducation que de la ventilation de suppléance a eu l’énorme intérêt d’officialiser notre
statut d’intervenant en ventilation mécanique.
Le CTAR
étant un centre hautement spécialisé, les deux
Mks du début avaient été cooptés
et venaient d’établissements
chirurgicaux et de réanimations
à orientation pneumologique. Leur
formation s’est enrichie ensuite
au contact du pneumologue réanimateur du CTAR .
Urgence
au CTAR
Il est apparu rapidement que
nous pouvions assurer grâce à cette structure de ventilation la prise en charge
de nos patients en période de
décompensation. Il nous est arrivé
ainsi de ventiler les plus graves durant plusieurs jours (12 heures /
jour, dimanche inclus). Nous avons ainsi
fonctionné durant une quinzaine
d’années. Et là encore, le
kinésithérapeute intégré à l’équipe médicale assurait le suivi du patient
durant toute cette période critique.
Mais à la différence d’un service de réanimation, le patient était mis sous oxygénothérapie nocturne et
rendu à la famille chaque soir avec toutes les instructions d’alerte si la
situation semblait s’aggraver. La méthode avait donc ses limites mais chez des
patients initiés, elle a permis
d’éviter des réanimations itératives.
Ce travail le dimanche relevait plus d’un esprit << pionnier >> que
d’une organisation bureaucratique et nous devons à la vérité de préciser que cette permanence ne se
mettait en place qu’à la demande.
Au début des années 80, la notion
de fatigues des muscles respiratoires et de mise au repos nocturne ont relancé au CTAR l’intérêt pour les aides respiratoires :
interet accru par l’apparition des
masques de ventilation nasale.
Ventilation Non
Invasive et Kinésithérapie en 1999.
L ’arrivée de la VNI doit être
une vraie chance pour les kinésithérapeutes.
deux
raisons peuvent étayer cette affirmation:
D’abord la parution du décret n°96-879 du 8 octobre 1996 dans son
article 9b nous habilite sur prescription médicale à mettre en place
une ventilation au masque.
Ensuite cette technique moins
agressive que l’intubation doit
permettre de multiplier les mises sous machine et ainsi favoriser la diffusion
de la méthode. En effet outre les services de réanimation médicale ou post chirurgicale,
les services de pneumologie sont à même de prescrire des VNI chez les patients
en décompensation. Le MK formé à la méthode
peut devenir l’acteur premier, une fois la prescription posée :
Le respirateur est en fait un générateur de
puissance mécanique et un oxygénateur :
ces deux fonctions suppléent à des défaillances du système respiratoire. En utilisant ce type de machine,
on se demandera toujours à quelle
fonction on a recours (Chevrolet et
Aubier).
En tenant compte de ce
préambule, Le kinésithérapeute peut s’impliquer de deux façons dans ce domaine de la ventilation sous machine :
1/ En soins intensifs:
* Dans un service d’urgence
médicale le MK peut participer à l’installation et à la bonne adaptation du
patient à la machine : choix du masque,
contrôle du bon fonctionnement de l’ensemble et surveillance des paramètres :
SpO2, Gaz du sang tout en poursuivant ce qui depuis longtemps est l’activité
quotidienne des kinésithérapeutes en réanimation: éducation, drainage et
aspiration, nursing, contrôle d’une bonne adaptation et sevrage de la machine.
le champ d’activité s’élargissant ou se rétrécissant au gré des
initiatives et des implications de chacun.
* Dans un service de chirurgie,
le kinésithérapeute en phase préopératoire,l
doit initier les patients à risque à une ventilation VNI. Le but est de
permettre une désintubation plus précoce avec relais par la VNI.
2/ En
rééducation
se faire aider par la
VNI dans une stratégie de prise en charge des IRCG et nous retrouvons
là ce qui nous guide au CTAR de façon peut être plus spécifique :
La
mise sous ventilation nocturne à domicile peut permettre aux IRCG de <<reposer>> leurs muscles
ventilatoires, de corriger les perturbations gazométriques et ainsi de permettre dans la journée de retrouver
une autonomie fonctionnelle. L’aide ventilatoire , selon sa formulation , aide
le muscle ventilatoire dans son travail tout en laissant aux centres
respiratoires , l’iinitiative de la commande. Plus de possibilités d’effort ,
n’est ce pas ce que le MK recherche et favorise ?
Il est vrai que la VNI n’a
démontré pour l’instant son intérêt que chez les sujets restrictifs. Mais une
étude multicentrique chez les BPCO est en cours.
Le MK peut donc en prévision
d’une installation de la VNI à domicile : choisir la machine, les réglages ,éduquer
et préparer l’insuffisant respiratoire.
Mais cet avenir prometteur
impose deux exigences : formation et présence permanente.
* L’arrivée de la VNI pose
actuellement un problème de formation qui n’est pas spécifique aux Mks, mais
les enjeux sont essentiels pour notre profession dont la spécificité et
l’activité première comme l’a dit J HAUPTMANN est de traiter le poumon
malade.
Cette formation doit
conjuguer cours théoriques et terrain de stages. Les acteurs principaux de cette formation sont les réanimateurs et les pneumologues spécialisés
dans la prise en charge des patients
ventilés.
Cette formation doit aussi intégrer les techniciens
qui dans les associations ou chez
les prestataires assurent le suivi du matériel et elle doit bien sur comprendre une
pratique kinésithérapique avec ses deux versants que nous venons d’aborder :
réanimation et prise en charge des IRCG.
*La deuxième exigence n’étant
pas le moindre des freins.Mais comment
revendiquer un statut en soins intensifs sans envisager une présence en
continu!
CONCLUSION:
En cette période d’économie de
santé , et d’accréditation, la VNI
représente pour les kinésithérapeutes une opportunité à ne pas manquer.
Elle peut nous permettre d’enrichir notre technique d’une compétence qui nous
fait encore souvent défaut en France alors qu’elle est prééminente chez nos
voisins Belges.
HAUPTMANN J..Description de la fonction du
kinésithérapeute de soins intensifs : KINEREA n°19
GIMENEZ
M. La ventilation dirigée au cours d’insuffisance respiratoire chronique :
technique, physiopathologie et résultats au repos et au cours de l’exercice
physique. Thèse med. Nancy 1968
DUBREUIL
C Le respirateur en rééducation respiratoire. Kinésithérapie Scientifique n°117